Or, la question n'est pas de se demander ce qu'il y a derrière ce qui est écrit, mais de lire ce qui est écrit. Et ça, c'est difficile, parce qu'on n'a pas appris à le faire. Il conviendrait de se déshabituer, au moins en partie, de nos habitudes de lecture. Louis Zukosfsky disait : "La seule chose est de se désaccoutumer. [...] Alors on voit quelque chose."
L'obstacle, quand on en rencontre un, ce sont surtout nos habitudes de lectures qui le dressent. Quand je me dis par exemple, devant une page : "Je ne comprends pas ce que l'auteur veut dire !", je pars du principe qu'il y a un sens caché que je n'arrive pas à saisir. Le problème c'est que je cherche à comprendre ce que l'écrivain a voulu dire. Quelle drôle d'idée ! De toute façon, comme je ne suis pas l'auteur, il y a de fortes chances pour que je ne sache jamais ce qu'il a voulu dire (et il se pourrait que lui même ne le sache pas toujours très clairement). Ce n'est pas là la question. La seule question est : "Qu'est-ce que je peux faire de ce que je lis ?". Gilles Deleuze parlait de lecture "en intensité". Quelque chose passe ou ne passe pas. Il n'y a rien à expliquer, rien à interpréter. Le seul critère est de savoir si ça fonctionne pour moi.
Emmanuel Hocquard, Une grammaire de Tanger
Collection "Le Refuge en Méditerranée"
Institut français Tanger Tétouan - cipM, Janvier 2008
Collection "Le Refuge en Méditerranée"
Institut français Tanger Tétouan - cipM, Janvier 2008
Ailleurs :
- Fiche de l'auteur [Site de P.O.L Editeur] - Fiche de l'auteur [Site du Centre international de poésie de Marseille] |
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