Note ouverte à Michaël Glück...
Cher Michaël Glück,
Comme je l'indiquais dans ma note du 27 février 2009, il s'agit, ici, seulement de poser, déposer l'empreinte d'une lecture dans la marge du texte et des jours qui viennent. Une lecture absolument hasardeuse (qu'est-ce qui fait que l'on entre en lecture ?) et, en même temps, urgente (qu'est-ce qui qui fait qu'un texte soudainement, ou plus lentement, en vienne à me regarder ?)
Cette approche, comme elle arrive, sous forme de "note ouverte à...", encourage les réponses du lecteur, de l'auteur et laisse place aux résonnances [dis]harmoniques. Et dans tous les cas, souhaite inviter à lire, à lier, à délirer.
Allons-y !
C'est au sortir la relecture de "Quelqu'un commence à parler dans une chambre" de Claude Esteban que j'ai reçu votre livre. Je venais juste en relisant le poème d'Estéban de la page 71,
de repérer le ressort symbolique de l'organisation sous-jacente de la première partie du recueil (7 fois 7 poèmes de 10 vers).
En lisant votre 4ème de couverture et le poème qui s'y trouve, j'ai bien compris que le "hasard" faisait bien les choses :
"pose les yeux "pose le front "pose l'oreille "ne dors pas
sur la nuit" sur le ciel" contre le bois" vénère"
De se rebrancher ensuite au coeur :
Comme je l'indiquais dans ma note du 27 février 2009, il s'agit, ici, seulement de poser, déposer l'empreinte d'une lecture dans la marge du texte et des jours qui viennent. Une lecture absolument hasardeuse (qu'est-ce qui fait que l'on entre en lecture ?) et, en même temps, urgente (qu'est-ce qui qui fait qu'un texte soudainement, ou plus lentement, en vienne à me regarder ?)
Cette approche, comme elle arrive, sous forme de "note ouverte à...", encourage les réponses du lecteur, de l'auteur et laisse place aux résonnances [dis]harmoniques. Et dans tous les cas, souhaite inviter à lire, à lier, à délirer.
21.
ont été séparés
sont séparés
la table entre eux
alors
lier et lire
ce jour-là
lier et lire
voix haute
converser
lier n'est pa unir
lire est délire
mettre un peu de folie
sur la nappe
après que le vin
est versé
ont été séparés
sont séparés
la table entre eux
alors
lier et lire
ce jour-là
lier et lire
voix haute
converser
lier n'est pa unir
lire est délire
mettre un peu de folie
sur la nappe
après que le vin
est versé
Allons-y !
***
**
**
C'est au sortir la relecture de "Quelqu'un commence à parler dans une chambre" de Claude Esteban que j'ai reçu votre livre. Je venais juste en relisant le poème d'Estéban de la page 71,
Sept jours d'hier, sept jours
comptés comme si
le nombre enfin clos
fixait le temps, forçait
le temps à ne plus creuser son entailles,
sept jours
traversant les années, et cette voix
soudain qui décide
que c'est assez, qu'il faut compter
autrement, si l'on pouvait.
comptés comme si
le nombre enfin clos
fixait le temps, forçait
le temps à ne plus creuser son entailles,
sept jours
traversant les années, et cette voix
soudain qui décide
que c'est assez, qu'il faut compter
autrement, si l'on pouvait.
de repérer le ressort symbolique de l'organisation sous-jacente de la première partie du recueil (7 fois 7 poèmes de 10 vers).
En lisant votre 4ème de couverture et le poème qui s'y trouve, j'ai bien compris que le "hasard" faisait bien les choses :
Ce septième livre dans la suite des jours, écrit en marge de la Genèse...
ce jour-là
ce jour-là posé là
ce jour d'absence
là
dans le compte des jours
ce jour là
sans compte
sans récit non plus
ce jour-là
est de la bouche
entre la faim et le poème
ce jour-là
de la nuit à la nuit
ce jour-là posé là
ce jour d'absence
là
dans le compte des jours
ce jour là
sans compte
sans récit non plus
ce jour-là
est de la bouche
entre la faim et le poème
ce jour-là
de la nuit à la nuit
Je n'ai pas pu m'empêcher de compter là encore : 70 poèmes au total (7 fois 10)... Le 7ème livre, le 7ème jour de la Génèse : le jour du Repos. Le jour où les jeux sont faits, où la création est établie et n'a plus, peut-être, qu'à se défaire. Point d'équilibre entre ce qui a été fait et le vertige du lendemain dont on peut se demander de quoi il va se remplir et se vider. Point où le plein fait face au vide. Point d'acmé ? Point en tout cas où le verbe, dans son sens simplement grammatical, où l'action disparaissent comme dans l'équilibre du poème 35, à mi-recueil :
35.
la fatigue
l'épuisement
le renoncement
l'exténuement
l'usage
l'érosion
la lassitude
l'abandon
l'achèvement
l'effritement
la destruction
l'usage
l'érosion
l'éclatement
la déchiure
la douleur
la joie
l'usage
l'érosion
la fatigue
l'épuisement
le renoncement
l'exténuement
l'usage
l'érosion
la lassitude
l'abandon
l'achèvement
l'effritement
la destruction
l'usage
l'érosion
l'éclatement
la déchiure
la douleur
la joie
l'usage
l'érosion
***
**
**
Le 7ème jour prie de s'alléger, de lever l'ancre, de vider ses poches. Le 7ème livre exige de se dés-emplir, de poser, de déposer, de renoncer. Mais jamais de s'endormir, de glisser dans l'insensibilité contemplative. Il s'agit de "suspendre / l'économie des jours", de prendre posture ou appui :
"pose les yeux "pose le front "pose l'oreille "ne dors pas
sur la nuit" sur le ciel" contre le bois" vénère"
De se rebrancher ensuite au coeur :
et pose encore
tes yeux sur la maison
tes yeux
dans les yeux de la maison
tes yeux sur la maison
tes yeux
dans les yeux de la maison
Qui n'a ressenti cet état de creux face à l'à-venir ? Face à l'offense, l'offensive du discontinu ? Du rebondir encore ? Ce creux de la "dernière" page tournée ? Vers quel autre livre faut-il se dénuder ? Vers quel corps aussi faut-il ouvrir ses mains ? Vers quelle autre faim de ce qui se dérobe ?
Qui n'a jamais ressenti cette séparation qui a la forme d'une table ? Table qui n'est peut-être qu'illusion matérielle de la distance. Peut-être sommes-nous jamais définitivement seuls ? C'est le deuxième circuit où je me reconnais dans votre texte : chemin de "table"
Cher Michaël je suis assis seul à ma table ce soir, j'ai achevé cette journée le mieux que je pouvais, aussi librement qu'il m'était donné de l'être. Je bois un verre de vin, je vous lis et j'apprécie tout en me demandant cela...
Le verre chante sous le doigt, votre livre est entre mes mains. Je sens que quelque chose, et cela n'a rien de transcendant, est qui défie mon temps, qu'il y a encore bien des faims et qu'il y a suffisamment de gourmandises pour faire que le jour se lève encore pendant quelques poignées d'années...
Pour l'heure, cela me donne envie de lire les 6 livres précédents et d'attendre le prochain et je note pour moi :
Qui n'a jamais ressenti cette séparation qui a la forme d'une table ? Table qui n'est peut-être qu'illusion matérielle de la distance. Peut-être sommes-nous jamais définitivement seuls ? C'est le deuxième circuit où je me reconnais dans votre texte : chemin de "table"
ont été séparés
sont séparés
la table entre eux
sont séparés
la table entre eux
///////
la table
est
lieu
de la séparation
est
lieu
de la séparation
///////
tu dis ceci est le livre
de la séparation
la table est entre vous
la nappe sous tes paumes
a la fraîcheur du soir
tu regardes les mains
de l'autre
face à toi
tu dis cela est le chemin
vos doigts se nouent
dans la lumière
tu dis oui
le livre
tu dis nos lèvres sont
le chemin
tu dis la table
tu ne dis rien
la table est chemin entre vous
de la séparation
la table est entre vous
la nappe sous tes paumes
a la fraîcheur du soir
tu regardes les mains
de l'autre
face à toi
tu dis cela est le chemin
vos doigts se nouent
dans la lumière
tu dis oui
le livre
tu dis nos lèvres sont
le chemin
tu dis la table
tu ne dis rien
la table est chemin entre vous
***
**
**
Cher Michaël je suis assis seul à ma table ce soir, j'ai achevé cette journée le mieux que je pouvais, aussi librement qu'il m'était donné de l'être. Je bois un verre de vin, je vous lis et j'apprécie tout en me demandant cela...
à quoi bon
l'effort d'un jour
encore
l'effort d'un jour
encore
Le verre chante sous le doigt, votre livre est entre mes mains. Je sens que quelque chose, et cela n'a rien de transcendant, est qui défie mon temps, qu'il y a encore bien des faims et qu'il y a suffisamment de gourmandises pour faire que le jour se lève encore pendant quelques poignées d'années...
Pour l'heure, cela me donne envie de lire les 6 livres précédents et d'attendre le prochain et je note pour moi :
70.
pose ce qui commence
jour un un autre
jour et nuit le lit
pose ton corps
près du corps
aimé
insoumis
pose-là tes mains
le livre entre elles
sur la table
la lame du couteau
ne cherche pas le nord
dans le corps de l'autre
pose repose
toi
tu n'es
ni commencement
ni fin
tu n'es ni le berceau ni la tombe
pose et repose
l'échelle au pied du mur
les tuiles étoilées du ciel
patientent
pause et repos
silence des voyelles
pose ce qui commence
jour un un autre
jour et nuit le lit
pose ton corps
près du corps
aimé
insoumis
pose-là tes mains
le livre entre elles
sur la table
la lame du couteau
ne cherche pas le nord
dans le corps de l'autre
pose repose
toi
tu n'es
ni commencement
ni fin
tu n'es ni le berceau ni la tombe
pose et repose
l'échelle au pied du mur
les tuiles étoilées du ciel
patientent
pause et repos
silence des voyelles
Jean-Paul Durin
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.