au moment de mourir, Mahmoud
ton aorte se débat
comme éclate un serpent pourpre
car les versets n'arrivent plus
à filer la parfaite métaphore
de ton cœur jaillit tel un poème
le sang ultime
dans cet hôpital étranger
du pays barbare,
ton coeur enfin
devenu oiseau sans ailes
la lune pousse au-dessus de l'île
parmi les nuages ondulants
de cette "petite saison d'hiver"
qui répandra bientôt son encre sombre
en longs vers sur les vagues
les corbeaux les chèvres et les enfants crottés
pourront clapoter en chanson dans la boue
comme s'ils célébraient la libération
trois, quatre, cinq jours et nuits
invisibles de jour, invisibles comme la mort
comme la surface d'une strophe les mots
pourrissent dans la nuit
le temps telle la faucheuse prend son temps
sur les champs du corps
abandonnée la toison sa fane
les ombres sur la terre nue
s'écaillent comme des touffes de chair
la lune se gonfle virginale et pleine
un voilier d'os
ton crâne, Mahmoud
Prix Max Jacob étranger 2010
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