Nice
ou la terreur de l’ivrogne
les anciens avançaient dans le silence des tuiles la ville est ravinée quand on arrive par le nord là se lit encore l’étonnement des viaducs
les portes de la cité crissent elles donnent sur ces avant-postes où les ouvriers chancellent dans la pagaille les pas des travailleurs creusent la terre perçue comme une farine du temps
mes propres pas tracés au carbone sur les misères du passé j’avance la pensée déchirée dans l’usure des jours
des femmes devant déhanchées s’estompent toutes sont ébauches de formes l’arc pelvien sur le vide tendu je me retrouve là où les magasins sentent donnant sur des rues aux vertèbres bloquées
comme un mendiant adossé aux portes du commerce l’azur est dépendant la mer peut se retirer étaler ses déchets en pure indifférence
parfois pourtant des étés reviennent sur le haut des ruelles les hommes suent déjà
le regard des femmes aux hanches de madone s’avive et l’on tourne les pâtes échouées sur la chair des clovisses
les paroles tressées à l’envers des filets traînent dans la chaleur des plats l’épice du vin est retrouvé la ville alors fournit des hommes
jusqu’à ce que la nuit chavire dans la chair des buveurs
et le béton comme un couteau revient désosser les épaules de l’aurore quand la lumière s’est installé la lame s’en prend aux cartilages urbains
parce que les avenues quotidiennement taxées n’ont plus d’obligation de sens les entrailles de la ville acceptent toute action qui serait un spasme
ces places rues immeubles croisements ont besoin d’hivers tant il est de souffrances et de solitudes attachées à la torpeur des jours
pourtant ce paysage était de nature à accepter nos péchés à les laver il suffisait parfois d’une baigneuse au linge blanc pour que la mer retrouve des formes et la grâce
maintenant elle est comme un œil clos avec ses plissures toujours reviennent au même endroit ces êtres de limpide détresse l’eau elle-même grimace la grève s’étire sur sa hanche luxée
une ville dont les immeubles sont parfois coupés de statues femmes aux fenêtres le regard creux mais il est encore tout de même des places et des arches où l’on peut se nicher
le sang des odeurs caillé par le gros sel s’y dépose sur les dômes
la fête aux étals des carcasses apprêtées en sacrifice de Pâques cette fête se tient dans l’or encadrée de miroirs rituels les éclats du soleil disent la pénitence des boucheries
inlassablement se recompose le temps biblique ces chants viennent de loin qui charrient avec eux le sable les plaques des vitraux s’agenceront pour recréer les corps
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